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mercredi 23 avril 2008

La Solidarité

La semaine dernière, après avoir médité sur « la responsabilité », j’ai pris part à trois activités différentes : une sortie récréative le 20 avril, une visite de malade le 21 et une journée de don de sang hier 22 avril. Et, de ces trois manifestations différentes, un seul mot me revenait sans cesse en tête, un mot qui m’a fait cogiter aujourd’hui: « la solidarité ». Nous l’utilisons très souvent pour ne pas dire tous les jours mais certainement, je pense donc ça l’est forcément, nous ne percevons pas tout sens, sa valeur. C’est pourquoi, j’ai jugé opportun de le revoir sur tous ses angles. Car comme disait l’autre : « Par preuve de solidarité chaque génération doit rendre gratuitement à la suivante ce qu'elle-même a reçu de la précédente».
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La solidarité
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Etymologiquement solidarité vient du latin « solidus » qui veut dire entier, constant, lien.
La solidarité est le sentiment de responsabilité et de dépendance réciproque au sein d'un groupe de personnes qui sont moralement obligées les unes par rapport aux autres. Ainsi les problèmes rencontrés par l'un ou plusieurs de ses membres concernent l'ensemble du groupe. La solidarité conduit l'homme à se comporter comme s'il était directement confronté au problème des autres, sans quoi, c'est l'avenir du groupe (donc le sien) qui pourrait être compromis. L’exemple que je propose ainsi est simplement celui des mousquetaires qui disaient : "Un pour tous, tous pour un."
La solidarité humaine est donc un lien fraternel et une valeur sociale
importante qui unissent le destin de tous les hommes les uns aux autres. C'est une démarche humaniste qui fait prendre conscience que tous les hommes appartiennent à la même communauté d'intérêt. C’est ce qui a amené Lucie Villeneuve à dire « Être solidaire, c’est sentir que si quelqu’un a un problème, on peut l’aider et que si l’on a soi-même un problème, d’autres peuvent nous aider ».

1°) Premier sens, devoir moral d'assistance et dépendance réciproque
Devoir moral d'assistance entre les membres d'une même société, en tant qu'ils se considèrent comme un seul tout Il s'agit "de l'humanité". Il y distingue d'ailleurs la solidarité au sens de la dépendance réciproque, et la solidarité comme devoir. Dépendance réciproque, caractère des êtres ou des choses liés de telle sorte que ce qui arrive à l'un d'eux retentisse sur l'autre ou sur les autres. Ce mariage d’une amie promotionnelleque j’avais perdu de vue depuis des années auquel j’ai pris part m’a cogité du simple fait qu’elle avait misé, sans me prévenir, sur ma présence. Donc parmi ces invités j’étais l’invité du jour (…). Imagine tous les dommages, les regrets, la déception, etc. que j’allais créer en manquant à ce rendez-vous. Cette illustration est la même que celle de la sortie de ngor ou encore du don de sang. « Désormais la solidarité la plus nécessaire est celle de l’ensemble des habitants de la terre »,Albert Jacquart.

2°) Deuxième sens, devoir moral inter-génération
Devoir moral qui est censé résulter de ce fait que les générations présentes ont une dette à l'égard du passé. Ce sens est particulièrement développé dans "La solidarité":«La solidarité-fait, la solidarité-devoir, ne confondant jamais l'une et l'autre ; ce sont des contraires, mais il est indispensable de constater la première pour apercevoir la nécessité morale de la seconde», L. Bourgeois. Et cela m’amène à prendre l’exemple de la montre. Sur le cadran d'une montre, l'aiguille des minutes entraîne ou conduit l'aiguille des heures, sans que celle-ci conduise l'aiguille des minutes. En d'autres termes, le mouvement de l'aiguille des heures est solidaire de celui de l'aiguille des minutes, tandis que le mouvement de l'aiguille des minutes est indépendant de celui de l'aiguille des heures. Cet emploi du mot s'accorde mal avec l'étymologie. Il est cependant très usuel pour désigner la dépendance qui existe entre les générations successives dans une société. Autrement dit pour représenter l'idée d'Auguste COMTE, d'après laquelle «dans chaque phénomène social, surtout moderne, les prédécesseurs participent plus que les contemporains» car « Le vrai sentiment social, d'abord de solidarité, et puis surtout de continuité successive caractérise davantage la vraie religion que la solidarité actuelle».
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Les différentes formes de solidarité
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La solidarité lie la responsabilité et le destin de chacun à ceux de tous, de sorte que chacun doit affronter les problèmes rencontrés (ou provoqués) par un seul membre du groupe. On trouve plusieurs forme de solidarité qui se rapprochent d’elle ou la complètent sans pour autant signifier la même chose. On peut citer entre autre le mutualisme, l’altruisme et la coopération.

a°) La solidarité du mutualisme
Etymologiquement il vient du latin mutuus, réciproque, qui s'échange.En biologie, le mutualisme est la relation de deux êtres vivants appartenant à deux espèces différentes qui se rendent des services réciproques, mais qui pourraient se passer l'une de l'autre. Par son caractère occasionnel, le mutualisme se distingue de la symbiose qui est obligatoire. Le mutualisme nécessite confiance et compréhension. Il est aussi une éthique de vie et un système de valeurs de partage et de solidarité rejetant la recherche de profit.

b°) La solidarité de l’altruisme
La solidarité se distingue de l'altruise: l'altruiste peut souhaiter aider autrui sans pour autant se sentir concerné par ce qui lui arrive, et inversement on peut se rendre solidaire d'autrui simplement par intérêt bien compris et non par altruisme.
La solidarité doit être distinguée de l'altruisme qui conduit à aider son prochain, par simple engagement moral, sans qu'il y ait nécessité de réciprocité, ainsi que de la coopération
où chacun travaille dans un esprit d'intérêt général pour l'ensemble.

c°) La solidarité de coopération
La coopération est l'action de coopérer, de participer à une œuvre, à un projet commun. La coopération est la capacité de collaborer à cette action commune ainsi que les liens qui se tissent pour la réaliser. La coopération est un mode d'organisation sociale qui permet à des individus ayant des intérêts communs de travailler ensemble avec le souci de l'objectif général. Elle nécessite un certain degré de confiance et de compréhension. « La formule coopérative s’appuie principalement sur la solidarité », souligne Isabel Faubert-Mailloux

1°) Agir ensemble pour une vie plus humaine
La solidarité se situe dans le domaine de l’action, plus précisément des relations humaines. Elle est d’ordre éthique bien plus que politique, c’est par sa dimension sociale qu’elle apparaît au grand jour, dans le « vivre ensemble ». Car toute réflexion sur la solidarité, sa nature, son sens, ses enjeux, me semble porter sur l’humanité de l’enfant, de la femme, de l’homme concrets, engagés dans des rapports sociaux. En ce sens, « agir par solidarité » est une manière d’humaniser la vie dans un monde de dette, de don, de distribution et d’aide. S’il en est ainsi, la reconnaissance de chaque humain comme étant un humain - une fin en soi - semblable à un autre et non pas comme une bête de somme, un objet ou une marchandise, est d’autant plus difficile que les regards qui imaginent et conçoivent des rapports entre humains d’horizons divers n’admettent pas la réciprocité dans la relation. Il y a par exemple « ceux qui aident » d’un côté et de l’autre « ceux qui sont aidés ».
Or, il n’y a de solidarité que dans le lien qui dit le partage des biens et des maux. Et le partage n’est pas la répartition quantitative de possessions, d’avoirs, ou de leur manque. Il faut le concevoir comme le lot commun qui fonde chaque différence, dans sa particularité.

2°) Au-delà de la loi
La solidarité semble être aussi l’agir qui indique le sens d’un lien juridique et par la même occasion se situe en marge de toute loi morale ou religieuse. Le mot solidarité, de « soliditas », mot du vocabulaire juridique, nous renvoie d’abord à l’idée de « dette contractée ensemble ». Ce contrat engage la responsabilité de chacun des contractants. Dans ces conditions, rembourser la dette contractée en commun c’est non seulement le faire pour soi-même mais aussi pour tous les autres contractants qui, de ce fait, se trouvent libérés du contrat. Etre solidaires renvoie à ce lien tissé ensemble avec d’autres, sur la base d’un contrat qui rend les individus libres ensemble mais liés ensemble. Un exemple bien connu par les femmes, en Afrique subsaharienne peut être cité ici : la tontine. Celle-ci n’est pas seulement une sorte d’épargne pour les pauvres. Elle établit un lien entre les contractantes, ce lien se fonde sur la confiance et l’honnêteté seules garantes du contrat. Or la confiance et l’honnêteté sont des vertus humaines, non quantifiables par conséquent. Seule la parole donnée, valeur fondamentale dans les sociétés où fonctionne ce système, reste la loi tacite. La parole est un engagement qui lie celle qui la donne à celles qui la reçoivent et inversement. Si elle venait à ne pas être respectée, le système perdrait sa crédibilité car le poids d’un seul manquement à la règle est supporté par l’ensemble du groupe.

3°) La solidarité dans le cadre de l’ordre mondial
La solidarité comme lien entre humains peut donc souffrir ou, au contraire, bénéficier de circonstances extérieures inhérentes aux inégalités devant l’information, aux discriminations, aux exigences des sociétés dans lesquelles la finance et la marchandise gouvernent le monde. Dans un tel monde, quel type de lien s’établit-il entre ceux qui portent secours et ceux qui reçoivent l’aide? Telle est l’une des questions qui se posent quand nous essayons de cerner la notion de solidarité dans le cadre d’un ordre mondial.

L’agir solidaire, dans un ordre mondial déséquilibré est celui qui, d’emblée, pose les humains sur un même plateau avec la finitude et la vulnérabilité de chacun d’eux quelles que soient leurs appartenances et provenances. L’agir solidaire prend donc en compte un destin commun et cela ne peut se faire que par le détour de l’idée de reconnaissance. Les pays riches et les pays pauvres se retrouvent face à face dans un tel ordre, dans des mondes différents, plus ou moins cloisonnés, comme si les humains, rejetés dans leurs différences (culturelles, linguistiques, politiques, religieuses…) ne pouvaient entretenir de relations entre eux que par accident.
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Conclusion
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Pour employer une métaphore, la solidarité est le fait, pour une main, de laver l’autre main. Seules deux mains, parce qu’elles appartiennent au même corps, peuvent se laver ensemble. D’un autre point de vue, la solidarité est, à l’échelle mondiale, mais aussi continentale- en prenant en compte l’Afrique- l’ensemble « des mains rassemblées autour de la jarre trouée ». Chacun, en prêtant sa main, donne une partie de sa force physique et spirituelle, son énergie et son attention au soutien de la communauté en détresse représentée par la jarre trouée.

La solidarité n’a pas pour symbole, comme on a tendance à le penser aujourd’hui, la main qui donne parce qu’il existe des mains tendues. Cette manière de penser le lien entre riches et pauvres crée la dette et la dépendance. Or la solidarité nous pousse à aller au –delà des schémas qui entérinent les inégalités dans le monde et nous orientent vers une notion du partage difficile à penser dans le cadre des sociétés face à d’autres qui cherchent leur place sur l’échiquier mondial. Ainsi s’inscrit la solidarité dans l’ordre de la construction d’une humanité libre et heureuse dans un monde habitable. Mais ce partage solidaire ne s’effectue que de proche en proche, d’individu à individu, même si d’un individu à l’autre, du point de vue géographique, la distance peut être incommensurable. L’ordre du monde dont nous parlons, avec ses inégalités flagrantes, ne peut disparaître sous l’effet d’une baguette magique à cause de quelques actions de solidarité. Il s’agit simplement d’établir le lien avec les plus démunis, là où c’est possible, à un niveau local, d’un lieu à un autre lieu où la vie est menacée de disparaître ou mérite d’être améliorée.

D’où vient l’idée de solidarité et à quoi est-elle destinée si ce n’est à rendre le monde meilleur ? C’est à ce niveau que se situent les enjeux de la solidarité aujourd’hui : rendre le monde habitable, vivable et heureux pour chacun et pour tous et non pas seulement pour une minorité de nantis.
"Avançons ensemble pour être meilleur"

A la semaine prochaine pour un autre passionnant thème.

Le Président







mercredi 9 avril 2008

La responsabilite

Le Samedi dernier, 05 avril 2008, à l’occasion de l’Assemblée Générale n°2 de la Jeune Chambre Internationale Dakar-Avenir au Novotel dont je suis le Président, qui contrairement à ses habitudes, a enregistré une contre performance. Et j’entendais « l’un dire » (mon conscient) c’est de ma faute et « l’autre dire » (mon subconscient) c’est la tienne. Donc le week-end m’a permit de faire mon mea culpa (la responsabilité) en tant que premier fautif ou simplement responsable. C’est pourquoi j’ai estimé important de t’inviter dans mon blog du « LUNDI » à lire les « L’UN-DIT » du Président Frédéric et de partager quelques réflexions et idées pour nous améliorer. « Presque toujours, la responsabilité confère à l’homme de la grandeur ». Stephan ZWEIG.
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La responsabilité
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La responsabilité, dit le dictionnaire, c’est l’obligation de répondre de ses actes, de ceux des autres ou d’une chose confiée. Cette définition est exacte, à mon avis. Je la fais donc mienne. La responsabilité est inséparable de l’acte lui-même. Elle implique nécessairement la liberté, en même temps qu’elle détermine celle-ci. Elle peut se présenter sous deux formes : individuelle et collective. La responsabilité individuelle oblige à répondre uniquement de ses actes ou d’une chose confiée à la personne même. La responsabilité collective fait obligation de répondre non seulement de ses propres actes, mais encore de ceux d’autrui, s’il s’agit d’actes délibérés, acceptés et décidés par un groupe d’individus associés, sous une forme ou sous une autre, pour accomplir une tâche commune, pour atteindre un but commun. Dans ce cas, la chose confiée, engage la responsabilité de tous. Chacun et tous sont donc, en ce cas, responsables, à la fois individuellement et collectivement, et leur liberté est déterminée par ce double caractère de la responsabilité.
Ces prémices formulées, il importe, maintenant, d’examiner les deux aspects de la responsabilité.
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La responsabilité individuelle
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À mon avis, l’obligation qui consiste à répondre de ses actes ou de la chose confiée personnellement, ne peut être éludée par aucun individu en possession de ses facultés mentales. Cependant, plusieurs conceptions peuvent se faire jour :
a) Celle des individualistes, adversaires de toute forme d’association ; b) celle des individualistes partisans de l’association libre et momentanée, mais hostiles à l’organisation sous toutes ses formes ; c) Celle des partisans de l’organisation méthodique et durable.

a° )individualistes, adversaires de toute forme d’association
Ne voulant rien avoir de commun avec le milieu, avec la société, ils n’entendent être responsables de leurs actes que vis-à-vis d’eux-mêmes et n’avoir d’obligation envers quiconque.
Cette conception est apparemment logique. Elle serait soutenable si ces individualistes pouvaient vivre en marge, s’ils n’étaient pas obligés de recevoir des services de la société et, en échange, de lui en rendre. Elle serait juste et inattaquable, s’ils considéraient que leur liberté finit au moment où leurs actes commencent à porter atteinte à la liberté des autres. «La liberte implique la responsabilite. C'est là pourquoi la plupart des hommes la redoutent.» George Bernard SHAW. Mais comme ces « individualistes » prétendent exercer leur liberté, toute leur liberté, sans se préoccuper en quoi que ce soit de la restriction apportée à celle des autres ; comme ils entendent « prendre » le plus possible à la société et ne rien lui donner, en échange, je déclare qu’une telle conception de la responsabilité est insoutenable, Elle ne peut être que celle d’« anormaux » qui n’acceptent aucune responsabilité et, en fait, sont irresponsables.

b°) individualistes partisans de l’association libre et momentanée
Ceux-ci considèrent qu’ils ne peuvent vivre que par un échange de services entre certains hommes et eux. S’ils limitent cet échange de services ; s’ils refusent, en général, de l’étendre à la société tout entière, ils conçoivent parfaitement qu’ils ne peuvent recevoir sans donner loyalement. D’une manière générale, ils respectent le contrat, écrit ou non, qui les lie à leurs associés d’un moment. Acceptant le principe de la réciprocité, ils s’interdisent - ou doivent s’interdire - de porter atteinte à la liberté de leurs associés et se considèrent responsables devant ceux-ci des obligations librement souscrites.
Ceci prouve qu’ils ont le sens de la responsabilité individuelle et un certain sens de la responsabilité collective. Toutefois, leur conception de la responsabilité : individuelle et collective, ne dépasse pas le cercle de leurs associés directs et momentanés.

c°) Individualistes des partisans de l’organisation méthodique et durable
Considérant que la coexistence de l’individu et de la société est une nécessité indéniable, dont le fait est d’ailleurs antérieur à leur propre existence, les partisans du groupement affirment qu’il devrait y avoir solidarité complète entre tous les humains, sans distinction de race, de couleur, de lieu d’habitation.
Liés à ceux-ci par une concordance d’intérêts de toutes sortes, ils considèrent qu’ils sont responsables devant eux dans tous les actes de leur vie ayant un caractère social, actes dont les conséquences, bonnes ou mauvaises, peuvent influer sur les conditions d’existence, de sécurité, de bien-être de leurs semblables. Ils savent qu’un acte commis à Dakar, par exemple, par un individu, peut avoir sa répercussion au Burkina Faso, à New York ou à New Delhi. Ils se garderont donc de l’accomplir si, par sa portée et ses conséquences, il peut créer une situation fâcheuse, difficile, grave pour leurs camarades qui habitent à des milliers de lieues de Dakar.
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La responsabilité collective
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Par les expos précédentes, nous venons de démontrer qu’il y a trois grandes conceptions de la responsabilité individuelle. Il est aisé de conclure, dès maintenant, qu’il n’existe qu’une seule conception positive de la responsabilité collective.

Seuls, les individus qui acceptent la nécessité de l’organisation, c’est-à-dire tous les groupements à caractère communiste, qu’il s’agisse de la branche autoritaire ou de la branche libertaire, des centralistes ou des fédéralistes, doivent reconnaître comme leur le principe de la responsabilité collective et admettre celle-ci comme indispensable. L’obligation de répondre de ses actes, de ceux des autres, de la chose confiée, s’applique intégralement et avec autant de rigueur - davantage peut-être - aux groupements qu’aux individus, parce que leur responsabilité est plus grande encore au point de vue social. Vaclav HAVEL précise même que : « que la sauvegarde de notre monde n’est nulle par ailleurs que dans le cœur des hommes, la pensée humaine, la responsabilité humaine. ».

En effet, cette responsabilité, qui s’étend de la décision aux conséquences de l’action, en passant par la préparation et l’action elle-même, engage le groupement tout entier vis-à-vis du reste des individus d’un pays et, souvent, de tous les pays. Disons tout de suite qu’elle n’abolit en rien la responsabilité individuelle de tous les membres du groupement ; qu’il n’y a aucune opposition entre la responsabilité individuelle et la responsabilité collective. Elles se complètent et se confondent.

La responsabilité individuelle est la forme originelle de la responsabilité ; elle découle de la conscience elle-même. La responsabilité collective en est la forme sociale et finale. Elle élargit la responsabilité de l’individu à la collectivité : en l’étendant ainsi, selon le principe de la solidarité naturelle qui est, en même temps, une loi physique s’appliquant aussi bien aux composants sociaux qu’aux autres parties d’un corps quelconque animé ou inanimé, elle rend chaque individu responsable de ses actes devant la collectivité tout entière. Et, par réciprocité, par voie de contrôle, elle rend la collectivité responsable devant tous les individus.

On peut donc dire que les deux formes de la responsabilité se déterminent l’une, l’autre. La responsabilité collective consacre et précise la responsabilité individuelle. En fait, s’il réfléchit, s’il a le souci d’appliquer les principes qu’il défend, aucune personne, ne peut la lier et la rejeter.
Prenons, par exemple, un groupement quelconque, qui a pris telle ou telle décision, après uns discussion libre entre ses membres ou leurs représentants mandatés et contrôlés. Que fera-t-il ? De toute évidence, il s’efforcera par tous les moyens en son pouvoir d’atteindre le but désigné. Cela veut dire qu’à partir de ce moment la discussion est close entre les membres du groupement ; que tous, conscients de leur responsabilité, partisans ou non de la décision prise et des mesures choisies, ont le devoir le plus strict de mettre tout en œuvre pour préparer et exécuter au mieux ce qui a été décidé.
Que l’accord ait été réalisé à l’unanimité ou à la majorité, tous ont, désormais, la même responsabilité dans la préparation, l’action et les conséquences de celle-ci. Aucun ne peut se dissocier des autres, agir dans un sens différent ou contraire, porter atteinte à la souveraineté de la décision, prise librement, ne l’oublions pas.

Une telle conception de la responsabilité collective ne vise, ni ne tend à brimer la liberté individuelle, inséparable de la responsabilité collective et vice-versa. Elle lui donne, au contraire, son véritable sens : le sens social. Seuls, des hommes ambitieux pour eux-mêmes au suprême degré : « individualistes », peuvent s’élever contre une telle conception et la rejeter. En somme, on peut dire de la responsabilité, ce qu’on dit de la liberté, inséparables l’une de l’autre, je le répète. L’individu est responsable devant le groupement ; le groupement est responsable devant l’ensemble des groupements et tous les groupements sont responsables devant tous les individus.
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La responsabilité professionnelle et sociale de l’homme
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Après avoir étudié, défini et précisé les caractères de la responsabilité, tant au point de vue individuel que collectif, il me parait nécessaire d’examiner le problème sous sa forme professionnelle et sociale, conforme à mon idéal. Immédiatement, je remarque que cette responsabilité se présente sous un double aspect : la responsabilité de l’homme et celle de la fonction.

Ces deux formes de la responsabilité sont inséparables l’une de l’autre, la seconde est le prolongement, le complément de la première. En effet, la fonction est la consécration pratique de l’activité humaine. Et comme on ne peut juger la conscience de l’individu que sur les actes de la vie courante, on ne peut, raisonnablement séparer la fonction de l’individu et vice-versa. Qu’il l’ait choisie ou non, qu’il la subisse ou qu’il l’accepte, un homme est responsable des actes qu’il accomplit dans l’exercice de sa fonction professionnelle. Il l’est doublement : au point de vue individuel et social, en raison des répercussions et des conséquences que ses actes peuvent avoir sur l’existence des autres hommes.

Peut-on admettre, par exemple, qu’un individu, dans l’exercice de sa profession, de son métier, porte atteinte sciemment à la vie, à la santé, à la sécurité de ses semblables ? Non ! Pour ma part, je n’admettrai jamais qu’un individu, exerçant tel ou tel métier accepte délibérément d’agir ainsi, sous le prétexte trop connu qu’il faut vivre et, pour cela, composer souvent avec sa conscience.

J’ose espérer que la conscience, désormais libre, parlera assez haute et assez claire chez chacun pour que de tels actes soient à jamais bannis ; que l’erreur, si acceptable qu’elle soit, si humaine qu’elle demeure, ne trouvera pas une audience indéfinie et qu’elle sera, au contraire, salutaire pour l’avenir.
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Conclusion
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L’époque actuelle m’apparait aussi décisive pour la vie de l’espèce humaine, nous sommes à la fin d’un stade de l’évolution des sociétés ; une ère nouvelle est à la veille en train de naître, le trouble est si grand chez la plupart des hommes ; l’anxiété est au cœur des meilleurs : on confond trop souvent : la fiction avec la réalité ; l’accessible avec l’inaccessible, le sentiment avec la raison, l’érudition avec le savoir, la négation avec le raisonnement, et j’ai envie de poursuivre ma réflexion, de ne pas borné ma conclusion. Mais elle me paraît, en d’autres temps, parfaitement suffisante. Je crois foncièrement que le message de l’avenir est la responsabilité collective consciente de la responsabilité individuelle.

Liés, soudés, cimentés par le sentiment de la responsabilité collective, exerçant notre liberté dans le cadre que nous avons nous-mêmes tracé ; attachés à ne rien faire qui puisse faire échouer notre entreprise. Ceux qui seront imbus de cet esprit de sacrifice vaincront.
Une pensée neuve, a dit Boileau, « ce n’est point, comme se le persuadent les ignorants, une pensée que personne n’a jamais eue ni dû avoir, c’est, au contraire, une pensée qui a dû venir à tout le monde et que quelqu’un s’avise d’exprimer le premier ».
Je ne me flatte pas d’avoir, exprimé l’idée de la responsabilité collective, mais il est certain qu’elle préoccupe de nombreux esprits et qu’elle ne peut être niée.


BE BETTER:
Avançons ensemble pour être meilleur

A lundi prochain pour un autre passionnant sujet
Le Président